Note d‘avertissement: Humiliation, déshumanisation, zoos humains, violence raciste
1) L’Allemagne et sa “Propagande Coloniale”, une longue histoire…
Les intérêts économiques et financiers mettent en évidence, preuves à l’appui, que les difficultés à faire fructifier le capital obligent alors les pays occidentaux à faire des placements extérieurs comme seul moyen de rentabiliser une épargne surabondante (1). Autant dire que la connaissance de la planète fut, au XIX siècle, un objectif scientifique de première importance, donnant lieu à un fort développement de la discipline géographique au même titre que les premières expéditions navales en direction de l’Amérique au XVème siècle.
Par ailleurs, l’intérêt politique des impérialistes et suprémacistes blancs pour ce partage du monde se cristallise nettement lors de la Conférence internationale de Berlin (de nov.1884 à février 1885), mettant au centre des débats le problème colonial comme un élément essentiel des relations internationales (2). On fixe à ce congrès surréaliste les modalités de partage de l’Afrique derrière une hypocrite et propagandiste volonté des nations occidentales à moraliser l’action colonisatrice, en voulant faire croire à une mission civilisatrice des “peuples inférieurs” (de couleurs).
Cependant, il est assez étonnant de constater que l’objet « propagande » coloniale en Allemagne fournit une faible bibliographie. Pourtant, les puissants supports de diffusion de cette idée coloniale ne manquent pas : la presse illustrée, les affiches, les cartes postales, la littérature, les espaces sociaux font également fonction de relais le monde scientifique, le monde politico-militaire, le monde religieux, les foires, les expositions et les semaines coloniales entraient aussi dans cette stratégie de communication. (3) C’est d’ailleurs avec ces expositions, et dans ce contexte de logique raciale et de violence qu’un nombre très inquiétant de personnages et d’agents ont déshumanisé des personnes pour les exposer comme des animaux dans des zoos (4). On peut citer des acteurs de ce trafic humain déshumanisant tel que Carl Hagenbecks. En effet la logique coloniale raciste fait en sorte que la violence devienne une norme de contrôle des populations colonisées (5). Cette brutale violence coloniale loin de la métropole devait tout de même être cachée, minimisée et surtout romancée. Voilà le rôle que jouaient les expositions coloniales et zoo humains, faire croire aux Allemands et aux Européens que tout va bien dans les colonies, pas de génocides ni de violences criminelles, pas de crime contre l’humanité. Il s’agit d’un discours colonial ou d’une propagande pour donner aux populations Blanches Européennes du XIXe siècle un sentiment de Sauveur (mission civilisatrice) et un sentiment irrationnel d’être “racialement supérieur.” et donc de faire le bien.
Par conséquent, l ‚Europe a été le précurseur des zoos humains et a connu un âge d’or entre 1870 et 1940. Presque toutes les foires, les fêtes populaires, les zoos, les spectacles de variétés et les cirques exposaient des personnes de couleur dans des zoos. Lors d’une exposition, ces pauvres humains devaient vivre dans des huttes de boue malgré les températures froides. Ils étaient même parfois vendus à des fins de recherche et torturés à mort par des soi-disants médecins. Exposer des personnes originaires des colonies a été en Europe apparemment bien perçu..(6)
Ces personnes de couleurs étaient enlevées et enfermées dans des cages dans des zoos bien visibles pour les visiteurs. Rien qu’en Allemagne, jusqu’en 1940, près de 300 groupes humains extra-européens ont été littéralement exhibés. Dans les expositions zoologiques dites “anthropologiques”, également appelé „Völkerschau“, il arrivait que jusqu’à 100 personnes soient exposées en même temps. En Europe et en Amérique du Nord, de telles manifestations attiraient des millions de personnes.(7)
2) Des activités coloniales de divertissement choquantes mais très lucratives…
Selon beaucoup d’historiens, Carl Hagenbeck fut l’un des précurseurs et envoya en 1876 quelques-uns de ses sbires en Asie orientale et au Soudan. Ils avaient pour mission de kidnapper des animaux sauvages et quelques Nubiens et de les ramener en Allemagne. Ceux-ci ont ensuite été exposés dans un zoo, ce qui a suscité l’enthousiasme des visiteurs.. Ils n’avaient encore jamais vu d‘ « indigènes » d’autres pays et d’autres cultures. Ils n’avaient jamais été aussi proches d’eux que dans un zoo. Après, Berlin, Londres et Paris ont suivi. L’une de ces expositions les plus connues fut sans doute l’Exposition universelle de Paris en 1889, qui avait accueilli plus de 28 millions de visiteurs. On pouvait notamment y voir 400 personnes, tous considérés comme une attraction par les visiteurs. Une exposition universelle a également eu lieu en 1900, ainsi que des expositions coloniales en 1906 et 1922 à Marseille. Des personnes nues ou à moitié nues étaient tout simplement exposées dans des cages. En l’espace de six mois, Paris a accueilli 34 millions de visiteurs (8). En Allemagne, la « Grande exposition des peuples du monde a été présentée en 1928, suivie en 1931 par la célèbre exposition “Kanaks of the South Sea“. Cette exposition se déroulait dans le cadre de l’Oktoberfest de Munich.(9) Ces expositions racistes de Hagenbeck , considérant des humains comme des „sauvages à l’état naturel“, a selon certains historiens même inspiré l’exposition similaire de „zoo humain“ d’Albert Geoffroy Saint-Hilaire au Jardin d’acclimatation de Paris. Saint-Hilaire organisa en 1877 deux expositions ethnologiques, présentant au public des Nubiens et des Inuits du Groenland, doublant ainsi le nombre de visiteurs du zoo et… bien évidemment aussi ses bénéfices. (10)
3) Fredenbaumpark Mythes et continuités coloniales. Le futur de l’Europe sera t’il décolonial ?
Le Fredenbaumpark se caractérise par une végétation variée bordé par le canal Dortmund-Ems. Ce parc était une forêt communale de Westerholz aux alentours de 1880. La transformation de la forêt communale en parc fut initiée à la fin du 19ème siècle et réalisée jusqu’en 1906 selon les plans du directeur du zoo de Berlin, Hermann Geitner. Dès 1888-90, le parc connait de nombreux travaux, une salle de 2.200 m² pour accueillir des fêtes de tir et des fêtes populaires ainsi que des foires (11). Selon certaines sources, c’est là que se déroulaient chaque 27 janvier les festivités de l’anniversaire de l’empereur, considérées comme le point culminant social de l’année. En 1881, une liaison par tramway hippomobile fut mise en place, elle est aujourd’hui empruntée par la ligne de métro U41…C’est aussi dans ce parc que la raciste entreprise zoologique de Carl Hagenbeck a exposé des africain.es, y compris des enfants dans des Zoos Humains. Par ailleurs les entreprises Hagenbecks sont toujours actives aujourd’hui et gèrent de nombreux zoos en Allemagne, générant des millions de bénéfices, comme à l’époque coloniale Allemande. Leur passé colonial est assez bien connu mais oublié par la mémoire collective. Ce qui n’est pas vraiment étonnant, puisque la violence coloniale n’est pas sérieusement enseignée à l’école. Par exemple, lorsque vous allez sur le site internet de Hagenbecks Zoo, il n’y a aucune allusion à ce passé colonial. Au lieu d’utiliser des termes tels que “fantaisie racistes pour l’étranger” et le “fétichisme exotique”, la page du site Hagenbecks Zoo présente leurs expositions coloniales comme ayant été une positive opportunité d’avoir fait découvrir pour la premières fois des “Cultures étrangères” á des blancs européens. Ils utilisent des euphémismes tels que “La fascination pour l’étranger” ou “indigènes amenées”. Pourtant, il ne s’agissait pas de volontariat, mais bien de kidnapping et de contrainte. Sur leur page, aucune excuse ou regret, encore moins de propositions de réparations pour les victimes.. (12) Peut-on parler de continuité coloniale ?
Tout ceci pose la problématique de savoir comment commémorer les victimes du colonialisme. Que dire des morts souvent oubliés de la colonisation dans les Zoos humains ici en Europe ? Ces zoos humains en Allemagne ont fait de nombreux morts. De êtres humains kidnappés, humiliés, asservis et souvent torturés jusqu’à la mort pour des pseudo recherches scientifiques. Comment lister le nombre de ces victimes sur le sol européens ? Comment rendre dignement hommage á ces victimes ? Suffit-il simplement de créer des monuments commémoratifs ? Ou s’agit -il aussi pour les autorités allemandes d’avoir plus de sensibilité et mieux enseigner l’histoire coloniale Allemande dans les écoles ? Un travail urgent dans ce sens reste encore á mettre en place. Nous avons affaire non seulement á une amnésie coloniale en Allemagne, mais aussi á un retour des organisations politiques racistes anti-noire et antisémites tel que le AFD. Dans ce contexte, la combinaison de ces deux facteurs met clairement en danger les populations noires et toutes les personnes de couleurs en Allemagne. Comment l’Allemagne pourrait-elle passer de la culture coloniale à une « culture de réparation » ? Les pistes sont nombreuses, mais ce qui semble le plus urgent est de se demander comment intégrer les Africains au dialogue sur les commémorations et réparations coloniales. Pour éviter de reproduire le racisme du « sauveur blanc », il serait grand temps de laisser la parole aux communautés africaines en Allemagne. Si la Statue de Lothar von Trotha offense des citoyens Allemands de la communauté noire, alors il est du devoir des autorités Allemandes de les écouter et de négocier une solution. Un monument comme la statue de Lothar von Trotha n’a pas sa place dans un espace publique, mais plutôt dans un musée avec des mentions qui expliquent ses crimes coloniaux, et qui éduquent les futures générations. La statue d’une figure Anti colonialiste Togolaise, camerounaise ou Namibienne pourraient prendre sa place.
4) Les Zoos humains sont -il une amnésie coloniale typique allemande ? De la culture coloniale à la culture de réparation.
Sur la question du passé colonial en Westphalie, Detlev Brum (Dortmund) a étudié les traces coloniales à Dortmund et dans ses environs. Selon lui, la ville n’a pas été une métropole coloniale comme Berlin ou Hambourg. Dans ses conclusions, le colonialisme ne joue pas un rôle important dans l’historiographie de la ville, ni dans la culture du souvenir de Dortmund. Pourtant, je cite, « il reconnaît avoir trouvé de nombreuses traces coloniales qui montrent la pénétration de la sphère coloniale dans la société urbaine. Dans son exposé, le chercheur s’est concentré sur les implications économiques et historiques, tout en critiquant le fait que ces aspects sont largement ignorés dans la recherche actuelle ». (13)
Un des exemples concrets de sa critique pourrait être le Fredenbaumpark qui abrite une grande aire de jeux de construction et d’aventure que la ville a soi-disant valorisée en l’achetant et en y installant le „Big Tipi“ de l’Expo 2000 de Hanovre. Selon les données de la ville de Dortmund, le tipi mesure 35 mètres de haut et environ 25 mètres de large, ce qui en fait le plus grand tipi du monde. L’immense tente abrite un univers de jeux pour, selon la ville de Dortmund, permettre aux enfants de se confronter à la nature. (14) Pas très empathique comme idée lorsque l’on sait que ce parc a connu une exposition du nom de “Kongo N*****Dorf » présentée en 1912 par Carl Hagenbeck à l’occasion de l’ouverture du nouveau Luna-Park, l’un des plus grands centres de loisirs de ce type en Allemagne. Dans cette exposition coloniale est née une petite fille togolaise. La ville n’est pas censée ignorer qu’il y a eu aussi des expositions et spectacles racistes à Dortmund avec des Cowboy Blancs armés pourchassant des américains natifs sauvages et leur chef indigène Sitting Bull? En effet du 13 au 16 mai 1891, le Buffalo Bill’s Wild West Show se produisit dans le parc Fredenbaum lors de sa première tournée dans l’Empire allemand. Dès la première représentation du spectacle, environ 5000 spectateurs y assistèrent (15). Par ailleurs, bien souvent nous entendons des commentaires minimisant la colonisation Allemande. Comme par exemple ceux qui disent que la colonisation fut courte. Pourtant l’impact a été suffisamment long et très dramatique pour les africains qui ont connu le premier génocide du XIX en Namibie. L’Allemagne a été précurseur et a reçu le plus de visiteurs dans ses Zoos Humains en Europe…Enfin, l’horrible déplacement des derniers humains déportés a commencé en août 1881. Les „Alakalufen“, également appelés „Kawesqar“, ont été kidnappés et chargés sur des bateaux puis expédiés dans les directions les plus diverses. Une expédition est également arrivée en Allemagne avec pour destination le “marchand d’animaux” Carl Hagenbeck. Celui-ci voulait ouvrir un cirque et un zoo à Stellingen. Ce zoo porte encore son nom aujourd’hui. (16)
Ces dernières années, on assiste au retour grand public de ces spectacles racistes. En avril 1994, c’est par exemple un parc appelé le « Village Bamboula » en Bretagne près de Nantes (quatre-vingt-dix ans après le passage d’un village N**** dans la ville). D’ailleurs le mardi 19.01.2022 à 23h50 sur la chaîne de télévision France 2, un documentaire racontait l’histoire effroyable d’Ivoiriens chargés de présenter le folklore de leur pays dans un zoo près de Nantes.. Ce triste épisode et pourtant très récent d’un « Safari africain » dans un parc animalier, a suscité la honte et la sidération parmi certains défenseurs des droits humains dans le voisinage. Ce projet aux relents colonialistes nauséabonds est créé par Dany Laurent, avec un ensemble de boutiques et restaurants. Le « village de Bamboula », est inspiré de la mascotte d’un paquet de biscuits dont le fabriquant est associée au projet. Dany Laurent décide comme Carl Hagenbeck de créer un village avec de vrais habitants de Côte d’Ivoire. Il use de mensonges pour tromper les danseurs et les artisans qu’il installe dans son parc pendant six mois, afin d’y présenter le folklore de leur pays. Le documentaire révélera qu’ils ont subi des abus en tous genres et des traitements inhumains. Un vrai scandale sur le sol d’un pays comme la France qui se revendique défendre le droit humain (17). Dans cette continuité , on se rappelle aussi d’un autre scandale raciste : le 12 juin 2005, après quatre jours de succès, le dernier (en date) des zoos humains avait fermé ses portes au parc zoologique de Augsburg ! Alors que l’inventeur du „genre“ Carl Hagenbeck qui a professionnalisé dans tout le dernier quart du XIXe siècle, ces zoo Humains, voici que l’Allemagne revient sur ces „spectacles“ sans esprit critique. Il est vrai que quelques articles de presse dans le Spiegel et le quotidien TAZ (Tageszeitung) ont dénoncé ces spectacles, mais il faut surtout noter que, comme dans toute l’Europe, aucune réaction gouvernementale n’est venue troubler l’« exhibition » de Augsburg (18). On note cependant que les seuls à avoir manifesté leur indignation sont encore une fois les membres de la communauté noire. Une confrérie d’intellectuels de la communauté noire Africaine a écrit une lettre de protestation contre cet effarant spectacle (19). Il est très difficile de croire que l’Europe est vraiment engagée dans une radicale volonté de réparer les dommages coloniaux ou de l’esclavage. Alors on se demanderait pourquoi ces réparations trainent du pied, comme par exemple dans le cas des réparations direct, toujours revendiqué par les communautés Ovahereros et Namas en Allemagne ? D’ailleurs Ruprecht Polenz (chargé de mission du traitement du passé colonial en 2015) a déclaré à ce propos, que la question des réparations ne relevait pas de débats scientifiques mais d’enjeux politiques et moraux. Une prise de position partagée sans réserve par son représentant en charge du dossier, l’ancien diplomate Zed Ngavirue.(20)
Il faudrait d’abord se poser la question de savoir comment l’Allemagne envisage des réparations pour la colonisation et particulièrement le génocide Hereros-Nama ? Pourquoi en 2016 le gouvernement allemand a refusé d’instaurer une « commission spéciale » pour étudier scientifiquement le passé colonial et génocidaire en Namibie. Pourquoi l’Allemagne refuse de suivre l’exemple du Parlement Belge qui a créé une commission chargée d’examiner le passé colonial de la Belgique au Congo, au Rwanda et au Burundi, le 16 juillet 2020. On est en droit de se demander pourquoi la thèse gouvernementale alors soutenue par Ruprecht Polenz, n’est toujours pas remise en cause par le nouveau gouvernement Allemand de 2021 ?
5) “Kongo*****Dorf” ou le « village Congo » de Dortmund : Du racisme « anti-noir » à la violence post Colonial violence aujourd’hui.
L’exposition „Kongo*****dorf“ a été présentée en 1912. L’appellation d’origine „Congo“ fait échos aux fantaisies racistes des soi-disant exactions cruelles connues á l’époque sous le nom de „Congogräuel“, mais, il est également possible que le mot „Congo“ ait désigné les territoires „acquis“ par l’Allemagne en 1911 dans le „Congo allemand“ (Nord-Cameroun). Ceci dit, la majorité des participants à cet horrible théâtre n’étaient toutefois pas originaires du Congo mais de la colonie allemande du Togo. Le Lunapark avait un rôle de divertissement pour les habitants de Dortmund (21).
Si l’on en croit les sources trouvées dans nos recherches, Nayo Bruce, né Nayo Friko, fils d’Amuzu Djaglidjagli Bruce et baptisé John Calvert à 16 ans, était un anticolonialiste togolais en mission en Europe. Né le 3 mars 1859 près du lac Togo, il partit en 1896, à la demande du gouvernement, pour se rendre en Allemagne. En Allemagne il va présenter à l’empereur ses doléances sur les injustices subies par ses compatriotes togolais. Sa plainte auprès de l’empereur n’a pas eu de succès. L’auteur Rea Brändle rassemble des informations sur cet Africain d’Aného (Togo), forain de profession, qui parcourt l’Europe avec ses quatre épouses et une troupe de spectacle jusqu’à sa mort le 3 mars 1919 dans le Caucase. Treize enfants naissent au cours de ce voyage qui dure plus de vingt ans. Certains sont partis avec la troupe, d’autres ont été élevés par des parents d’accueil aisés ou dans des foyers chrétiens, en Allemagne et en Russie (22). Ainsi il serait intéressant d’en savoir plus sur la fille de Nayo C. Bruce, la petite Cäcilia née le 20 avril 1912, dans une cabane située au 272a de la Münsterstraß á Dortmund lors de l’exposition du „Kongo*****dorf“. . Qu’est-elle devenue ? Est- elle retourné au Togo, ou a-t-elle continué de vivre en Allemagne ? ? Elle est la première africaine noire née à Dortmund, selon les documents du bureau d’état civil de Dortmund (23).L’histoire de Cäcilia Bruce nous rappelle aussi que la vie des femmes noires en Allemagne et en Europe est l’une des plus marginales et fragiles. C’est ainsi que la violence coloniale continue et prend une nouvelle forme contre le corps des femmes noires en Allemagne. Cela fait par ailleurs échos à la vie de Fasia Jansen, née en 1929 à Hambourg. Lorsque la seconde guerre mondiale éclate elle parvient á survivre difficilement dans l’Allemagne Nazi. En 1944, Fasia doit, comme toutes les filles de son âge dans l’Allemagne nationale-socialiste, effectuer une année obligatoire dans un ménage privé. L’autorité qui place Fasia décida qu’en raison de sa couleur de peau, la jeune femme ne peut pas être acceptée par une famille allemande. Fasia est donc envoyé travailler dans la cuisine du camp de concentration de Neuengamme. À l’âge de 15 ans, elle assiste aux mauvais traitements infligés à des femmes juives, complètement affamées et pour la plupart malades. Après la guerre, même si Fasia Jansen devient une activiste pacifiste et une chanteuse très connue, cependant, les autorités allemandes refusent de la dédommager en tant que victimes du Nazisme dans les années 1950. Elle meurt en 1997 à Bochum. (24). L’histoire de Cäcilia Bruce comme bien d’autres femmes noires, fait aussi échos au récentes critiques sociales venant de la communauté noire mondiale et d’Europe concernant le racisme « anti noir ». L’année 2020 a connu une sorte de réveil sociétal, Certains ont finalement ouvert les yeux sur le racisme structurel, qui était encore il y a quelques années un mythe ou le complot académique de certains intellectuels noirs. Nous n’oublions pas Christy Schwundeck qui, après s’être défendue contre les agressions négrophobes et sexistes, a été assassinée par la violence de ce système sans justice. Le 19 mai 2011, cette femme noire, mère et citoyenne a été abattue par la police Allemande de Francfort. 2021 marqua le dixième anniversaire de son assassinat . Un exemple parmi tant d’autres de la « misogynoire », une misogynie structurelle contre les femmes noires en Allemagne.